HISTOIRE: Thomas Nkono (Cameroun)
Thomas
Nkono,
né le juillet 1955 à Dizangué,
est un footballeur international camerounais évoluant
au poste de gardien de but durant sa carrière. Il a
été deux fois joueur africain de l'année, 1979 et 1982
Biographie
Débuts au Cameroun
À 19 ans, en 1974,
Thomas Nkono trône déjà dans les buts du Canon Yaoundé,
tout récent champion d'Afrique 1971. Il
enlève son premier titre national un an plus tard. Vladimir Beara arrive
bientôt au pays. L'ancien gardien de but yougoslave et nouvel entraîneur des
Lions est ce qui peut arriver de mieux au jeune Thomas. Il sera son premier
professeur. Le seul qui, en janvier 1976,
le met en réserve afin qu'il ait le temps de "simplifier et de mûrir son
jeu". La concurrence avec Joseph-Antoine Bell, le gardien de l'Union de
Douala, est déjà à l'ordre du jour.
En 1975, "prêté" au Tonnerre Yaoundé, Nkono remporte la
première Coupe des coupes d'Afrique.
Le Stella Club d'Adjamé défait, crie au
scandale. Le "prêt" de joueurs est illégal en Afrique à
cette époque.
Qu'importe, le 3 décembre 1978 à Conakry,
Nkono est le héros d'une finale en Coupe des clubs champions africains
1978. Grâce à lui, le Hafia FC ne
reviendra pas dans ce match retour (0-0), après avoir perdu à Yaoundé.
L'envoyé spécial du mensuel français Mondial dit
de Nkono "qu'il est dans la lignée des plus grands : Yachine, Banks ou Shilton".
Au plan national, le Canon de
Nkono, Théophile Abega, Manga, Arantes Mbida …
domine le championnat et aligne les titres. En 1979 et 1980, les
verts et rouges enlèvent deux autres trophées africains. Leur gardien de but
est seul à ce poste à être désigné meilleur joueur du continent. Normal donc
que le "Mundial espagnol" ne soit une révélation qu'en dehors du
continent. Les médias internationaux couvrent alors assez peu l'Afrique.
Les chasseurs de talents n'y voient que les buteurs.
Espanyol
Barcelone
L'arrivée de Nkono à l'Espanyol est donc un événement. Le deuxième club de Barcelone est
le premier en Europe à
engager un gardien de but noir africain[réf. nécessaire]. Nkono met ainsi
fin au mythe selon lesquels les gardiens africains seraient incapables de
réussir au plus haut niveau. Il gardera les buts de Espanyol Barcelone pendant près d'une
décennie, sans jamais être remplaçant.
En 1987, contre toute attente, l'Espanyol manque un coup. Après avoir
éliminé les Allemands de Borussia Mönchengladbach (1-0 ; 4-1),
les Tchécoslovaques de FC Vítkovice (2-0 ;
0-0), enfin les Belges de FC Bruges (0-2 ; 3-0), l'Espanyol manque sa finale face au Bayer Leverkusen.
Le 18 mai,
Nkono encaisse trois buts et malgré un arrêt lors du premier tir aux buts
allemand, l'Espanyol s'incline,
ne parvenant pas à conserver l'avantage de la victoire nette de l'aller (0-3).
Pour Nkono, les rêves d'une Coupe européenne s'envolent.
Bolivar
La Paz
À sa suite, Joseph-Antoine Bell, Jacques Songo'o et
autres Alioum Boukar sont entrés dans des
championnats européens. Lui choisit une dernière expérience en Amérique du Sud.
La Bolivie l'accueille et le célèbre. Décembre 1997, fin
de parcours. Le footballeur devient manager. « J'aide les jeunes à
monnayer leur talent » explique-t-il. L'équipe nationale lui ouvre encore
ses portes. Il entraîne les gardiens de but, est membre du staff des lions
indomptables du Cameroun, et signale la présence en Espagne d’un bon joueur,
qui deviendra l’un des piliers de l’équipe : Lauren Étamé Mayer, l’actuel joueur de Portsmouth.
Carrière
en équipe nationale
Coupe
du monde 1982
Juin 1982, la Coupe du monde de football se joue
en Espagne.
Le Cameroun y participe
et termine la compétition sans concéder la moindre défaite. Au bout de trois
matches d'un premier tour au cours duquel seul Graziani,
l'Italien,
réussit à battre Nkono. Ce 23 juin là, le gardien camerounais qui
est aussi le capitaine de son équipe, s'incline de justesse et à la suite d'une
glissade. Il est déjà considéré comme l’un des meilleurs gardiens du tournoi,
et si le Cameroun termine
invaincu, c’est en grande partie à son gardien qu’il le doit. Ses réflexes
étonnent, son sang-froid surprend, sa décontraction agace.
Le 15 juin, contre le Pérou,
au Stade du Riazor de La Corogne, "Tommie" démontre
l’étendue de sa classe. Il arrête un tir de l’attaquant péruvien Gerónimo Barbadilloavec une main, se passe le
ballon dans le dos et le reprend avec l’autre main. La légende est en marche.
Nkono reçoit le titre de meilleur joueur africain de l’année 1982.
Deux mois plus tard, le 8 août,
au Giants Stadium de New York,
le Brésilien Tele Santana,
entraîneur de la mythique équipe de Zico et autres Socrates aligne
le Camerounais dans les buts de la sélection mondiale qui affronte l'Europe,
dans un match organisé par la FIFA,
au profit de l'UNICEF.
Suprême récompense et totale reconnaissance pour un footballeur dont le
parcours était déjà impressionnant en Afrique,
mais presque totalement inconnu en dehors, malgré un premier titre de meilleur
joueur africain de l’année en 1979.
Coupe
d'Afrique des Nations
Les espoirs d'une victoire en Coupe d'Afrique des nations sont
déçus par trois fois (1982, 1986 et 1990). Il
peut tout juste se consoler d'avoir joué les deux premiers matches du triomphe
camerounais en 1984.
Coupe
du monde 1990
Il joue la Coupe du monde 1990 en Italie ;
le Cameroun atteint les
quarts de finale face à l'Angleterre. Le 1er juillet
1990 à Naples, Gary Lineker bénéficie
de deux pénalties pour battre Nkono et des Camerounais euphoriques
(2-3). Les lauriers sont pour Roger Milla.
À 35 ans, Nkono a presque tout gagné. Même s'il figure encore sur
la liste des 22 au mondial américain en 1994.
Carrière
d'entraîneur
2000-2003 :
Cameroun - assistant de Pierre
Lechantre puis Winfried Schäfer
Il met fin à sa carrière en décembre 1997,
et décide de s`orienter vers une activité d`agent de joueurs.
En juin 1999, il célèbre son jubilé, avant
d`intégrer le staff technique de la sélection et s`occupe des jeunes gardiens.
En février 2000, il assiste Pierre Lechantre à
la CAN 2000 remportée
par le Cameroun.
À l'été 2000,
aux JO de Sydney, devient champion olympique.
Lors de la demi-finale de la CAN 2002 contre
le Mali, il va tester le gazon et fait quelques
pas sur la pelouse. Une escouade de policiers armés et casqués lui sautent
dessus, le plaquent avec violence sur l`herbe, le maîtrisent, le dépouillent de
ses vêtements. Il se retrouve menotté et brandit à la foule ses poignets
attachés. Les Camerounais menacent de ne pas jouer à la
suite de cet incident. Il se sent humilié et après le match, le président
malien, Alpha Oumar Konaré, se rend dans le vestiaire
des Lions et présente des excuses.
En 2003, Tommie rentre à Barcelone et reprend du service comme
entraîneur des gardiens. Ce poste lui est proposé par Luis Fernandez qui était l'entraîneur de
l'époque.
Depuis 2004,
Thomas Nkono est investi dans la lutte contre la pauvreté en devenant
Ambassadeur du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), il
défendra cette cause aux côtés des Ivoiriens Cyril Domoraud et Didier Drogba.
En juillet 2007, il a obtenu la nationalité
espagnole2.
Il est aussi redevenu entraîneur adjoint des Lions
Indomptables.
Et de mai 2009 à juillet 2009,
il officie en tant que sélectionneur par intérim des Lions Indomptables,
après le départ de son prédécesseur Otto Pfister.
Il est remplacé à ce poste par le français Paul Le Guen.
Palmarès
En Club
Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Clubs Champions en 1978 et en 1980 avec le Canon Yaoundé
·
Champion du Cameroun en 1974, 1977, 1979, 1980 et
en 1982 avec
le Canon Yaoundé
·
Champion de Bolivie en 1996 et
en 1997 avec Bolívar La
Paz
·
Finaliste de la Coupe de
l'UEFA en 1988 avec l'Espanyol de Barcelone
En Équipe du Cameroun
112
sélections entre 1976 et 1994
·
Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations en 1984
·
Finaliste de la Coupe d'Afrique des Nations en 1986
·
Participation à la Coupe d'Afrique des Nations en 1982 (Premier
Tour), 1984 (Vainqueur), 1986 (Finaliste) et
en 1990 (Premier Tour)
·
Participation à la Coupe du Monde en 1982 (Premier
Tour), 1990 (1/4 de
finaliste) et en 1994 (Premier Tour)
Distinctions Individuelles
Ballon d'Or Africain en 1979 et
en 1982
Anecdote
Gianluigi Buffon, le gardien de but
international italien,
avouera plus tard : « C'est en voyant jouer Nkono que j'ai eu envie
de devenir gardien de but. »3
Buffon donne à son fils le prénom du gardien de but camerounais.
Il déclare ceci pour justifier ce geste unique en son genre : « À mon
fils, le prénom de mon idole N’kono. Ce fils lui est dédié. Au mondial 90,
j’étais un tifoso inconditionnel des Lions Indomptables. Thomas
Nkono me fascinait. Ma passion pour le Cameroundécoule
de ce fait. Le Camerounais avait une façon si exceptionnelle d’interpréter le
rôle de gardien de but qu’à la fin, il ne pouvait m’être que sympathique.
D’ailleurs, souligne-t-il, N’kono a changé le cours de ma carrière et forcément
de ma vie. De milieu de terrain, dit-il, je suis devenu portier afin de suivre
les traces de mon idole. »
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