CONTE: Le lièvre demande à Wende de lui enseigner la ruse



Autrefois le lièvre alla trouver Wende et lui dit:
« Je veux que tu me montres beaucoup de tours.
- Apporte-moi alors trois choses, dit Wende.
- Lesquelles ? dit le lièvre.
-Apportes-moi le lait d’une femme de buffle, des larmes de serpent et une défense d’éléphant. Si tu m’apportes tout cela, je te montrerai tous les tours. »

Le lièvre redescendit sur terre et alla d’abord trouver l’éléphant. « Tiens, dit le lièvre, je croyais que cet arbre était plus petit que toi, mais beaucoup de gens disent qu’il est plus grand et, à le bien considérer, je crois bien m’être trompé... Décidément, tu es plus petit que cet arbre ! »

L’éléphant, piqué au vif, se leva sur ses pattes de derrière et, pour montrer qu’il était plus grand que l’arbuste, s’appuya sur lui, mais l’arbre se rompit sous le poids et l’éléphant tombant brutalement par terre se cassa une défense. Le lièvre se précipita sur la dent et l’offrit respectueusement à l’éléphant :
« Tu peux la jeter, dit celui-ci. A quoi me servirait-elle maintenant ? »

Le lièvre la mit dans sa poche et s’en alla. Puis il alla trouver une vipère heurtante qui était avec ses petits. Le lièvre se cacha non loin de là et quand la mère vipère s’en alla en promenade, il tua tous ses petits. Puis il se cacha de nouveau. Quand la mère vipère revint, elle trouva tous les serpenteaux morts et se mit à pleurer. Le lièvre apparut :
« Ne pleure pas, lui dit-il, tu auras d’autres enfants. »

Bref, il la consola, ramassa ses larmes et les mit dans une petite calebasse dont il s’était muni par avance. Puis il la quitta et, retournant chez lui, il pila du sel et le mélangeant avec de la farine de mil, il en fit une boule qu’il mit dans sa poche. Puis il alla en brousse et y chercha une mère buffle. Il en trouva une à côté d’une baobab avec son petit. Le lièvre arriva en courant et, faisant semblant de buter contre le baobab, s’étala au pied de celui-ci.
« Que fais-tu là ? » dit la mère buffle et elle le renifla de fort près. Le lièvre sortit rapidement sa boule de sel et de farine et la lui mit sous le nez et presque sur la langue. La mère buffle y gouta et même trouva cela fort de son goût.
« C’est bon ? dit le lièvre.
- Oui, dit la mère buffle.
- Eh bien ! tous les jours je peux en avoir une. J’arrive en courant, je donne un coup de tête contre le baobab et même je tombe, mais une boule de sel et de farine de mil se détache des branches du baobab et tombe par terre. Alors je la prends !
- Et si je faisais la même chose, dit la mère buffle alléchée.
Ferais-je tomber des boules ?
- Certes, dit le lièvre. »

La mère buffle alla à cent mètres de l’arbre, prit son élan, arriva en courant et donna un tel coup de tête dans le baobab que ses deux cornes s’enfoncèrent profondément dans le tronc.
« Attends, dit le lièvre, après l’avoir laissée faire des efforts infructueux pour se dégager. On peut mettre du lait autour de tes cornes pour qu’il soit plus facile de les faire sortir.
- Tire du lait vite ! vite ! » dit la mère buffle hord d’haleine et désespérée. Le lièvre prit sa calebasse, se mit à traire, mit du lait autour des cornes, du reste sans aucun effet. Puis il partit avec ce qui restait de lait, laissant la mère buffle se débrouiller toute seuls en compagnie de son bufflon.

Le lièvre revint trouver Wende, lui rapportant la dent d’éléphant, les larmes de vipère et le lait de buffle et lui réclamant en retour les tours demandés.
« Tu n’as qu’à partir, dit Wende. A quoi bon te donner d’autres ruses ? Tu les possèdes déjà toutes : je ne peux en ajouter à ton sac ni d’autres ni de plus extraordinaires. Va donc... »
Le lièvre quitta Wende et revient chez lui.


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